REIF Info
25.09.2024

Cherche graphiste-linguiste, poste à pouvoir rapidement (Bruxelles)

Si la rentrée politique a illustré la pertinence de l’une des priorités de la nouvelle Commission européenne, c’est bien celle de développer les compétences. Formée dans son écrasante majorité au droit et aux sciences politiques, la bulle européenne s’est découvert, depuis l’annonce de la répartition et du contenu des portefeuilles le 17 septembre, la nécessité d’en acquérir rapidement de nouvelles.

Les tableaux blancs ont repris du service pour comprendre qui relève de qui au sein du nouveau collège et quels membres de l’exécutif piloteront chaque dossier. Des dizaines de flèches dessinées plus tard, on repose notre stylo avec pour conclusion que la dilution des compétences devrait favoriser la concentration du pouvoir au niveau de la présidence, moins l’efficacité qu’elle prêche. Seuls les graphistes les plus inspirés auront su rendre visibles les liens apparents et sous-jacents tissés entre les membres du collège.

De même, une formation de linguiste ne serait pas superflue pour tenter de comprendre ce qui se cache sous les intitulés de chaque portefeuille. En quoi la transition « propre » confiée à la vice-présidente Rodríguez diffère-t-elle de la transition « verte » prônée lors du précédent mandat ? Qui sont ces « personnes » dont aura la charge la commissaire Roxana Mînzatu (Portefeuille People, skills and preparedness, ou Personnes, compétences et préparation) ?

Enfin, ceux dont la culture scientifique est la plus avancée sont à l’honneur. Une solide compréhension économique est nécessaire à décrypter comment le récent rapport Draghi sur la compétitivité de l’Union européenne, qui plaide pour 800 milliards d’investissements annuels supplémentaires, est reflété dans les différents portefeuilles économiques et financiers. Les amateurs de probabilités trouvent quant à eux à s’employer à tenter d’anticiper lesquels des candidats commissaires se feront adouber ou retoquer par le Parlement lors des auditions à venir qui viseront à… évaluer leur compétence pour le poste.

In fine, cette séquence illustre peut-être surtout l’importance des soft skills. On reconnaîtra en tout cas à Ursula von der Leyen l’art de s’emparer de problèmes complexes et de chercher des équilibres délicats. Espérons que la vice-présidente Mînzatu sache quant à elle faire preuve de capacité d’entraînement, car il en faudra une bonne dose pour que les parties prenantes puissent être convaincues que la Commission a une réelle ambition en matière sociale. Ça n’est en tout cas pas le cas du commissaire sortant à l’Emploi et aux Droits sociaux, Nicolas Schmit, qui déclarait récemment sur X « Je ne comprends pas ce que le titre (du portefeuille) signifie. J’ai appuyé les compétences, mais les droits sociaux et du travail ne peuvent se résumer aux compétences et à la préparation, quoi que ce mot puisse signifier. »

L’équipe Reif

Anne-Claire, Benjamin et Adèle

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