A couteaux tirés ou à fleurets mouchetés ?
Aux mouvements de personnel politique au plus haut niveau de l’exécutif, que nous mentionnions dans le précédent Reif-Info, viennent désormais s’ajouter des jalons programmatiques pour témoigner de l’installation de la campagne électorale dans les esprits.
Les propositions législatives marquent le pas en cette fin de mandat. Certains volets du programme de travail de 2019 ont été quasiment finalisés, d’autres initiatives un temps envisagées abandonnées. L’heure est désormais au bilan, comme en témoigne le discours sur l’état de l’Union (ou SOTEU, dans le jargon européen) prononcé par Ursula von der Leyen devant le Parlement le 12 septembre dernier.
Mais la Commission et sa présidente regardent également vers l’avant, travaillant à prolonger leur œuvre au-delà de 2024. Les initiatives visant à jeter les bases du prochain mandat se multiplient ainsi : annonce, dans le discours sur l’état de l’Union, de l’examen de l’ensemble des politiques à l’aune de perspective de nouveaux élargissements, rapport sur l’avenir du marché unique confié à l’ancien président du Conseil italien Enrico Letta, Communication sur la numérisation de la sécurité sociale proposant la vision de la Commission pour l’avenir…
D’aucuns y verront également une esquisse de programme et de campagne électorale de la présidente sortante. Elle semble multiplier les gages vers son camp, qu’il conviendra le cas échéant de convaincre de la désigner comme Spitzenkandidatin. Ainsi, le discours portant la nécessité d’une pause réglementaire en matière de lutte contre le réchauffement climatique trouve-t-il désormais un accueil favorable auprès de l’exécutif, alors même que la mise en œuvre du Pacte Vert a constitué le cœur de son mandat.
La gauche de l’hémicycle n’est pas en reste dans la préparation de son programme électoral, le groupe des verts ayant récemment présenté une étude au titre limpide : « Taxez les riches ». Reste désormais à voir si l’audition, cette semaine en plénière au Parlement européen, de Wopke Hoekstra, second vice premier ministre néerlandais, conservateur, en remplacement de Frans Timmermans, vice-président de Commission sortant, socialiste et grand ordonnateur du Pacte Vert, se déroulera dans l’atmosphère consensuelle qui prévaut souvent à Bruxelles ou si elle sera l’occasion d’une passe d’armes plus musclée.
Si les enjeux environnementaux constitueront sans nul doute un axe majeur de la prochaine campagne électorale, et que la question de la justice fiscale pourrait trouver une caisse de résonnance dans de nombreux pays, à la Reif, l’on aimerait que le débat fasse également la part belle aux thématiques sociales et sanitaires. Or, les développements récents n’incitent pas réellement à l’optimisme. En témoignent l’absence de vision en la matière offerte dans le discours sur l’état de l’Union ou encore la récente offensive des ministères de l’économie autrichien et allemand, la crise Covid à peine terminée, afin que les objectifs industriels soient pris en compte au même titre que les objectifs de santé dans la révision du cadre pharmaceutique général (voir brève). Il reste encore 8 mois pour rectifier le tir.
L’équipe Reif
Anne-Claire, Benjamin, Adèle et Raphaël
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