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30.05.2024

LE MOT DE l’ÉQUIPE REIF : « On ne peut pas tomber amoureux d’un grand marché » !

Dans la dernière ligne droite avant les élections européennes est sorti l’Eurobaromètre du printemps 2024 sur le Parlement européen (PE). Il dresse globalement un bilan positif de la vision qu’ont les Européens des prochaines élections et du PE, révélant même un vif intérêt pour cette échéance, particulièrement dans plusieurs pays (Luxembourg, Allemagne, Irlande). Pêle-mêle, 71% des citoyens estiment que leur pays a bénéficié d’être membre de l’UE, 65% disent que l’appartenance de leur pays à l’UE est importante ou encore 56 % souhaitent voir le Parlement européen jouer un rôle plus important. Les valeurs de paix et de démocratie doivent être les deux valeurs sur lesquelles doit se focaliser le PE selon ce même sondage.

Face à cette dynamique à l’échelle européenne, les détails par pays et spécifiquement sur la France, montrent des attentes et opinions très différentes. Ainsi les Français sont, à tout le moins, beaucoup plus distants de ces sujets – 53 % d’entre eux n’étant pas intéressés par les prochaines élections contre 40 % au niveau européen – voire manifestent une certaine défiance envers l’UE – seuls 37 % des Français ont une image positive de l’UE contre 47% au niveau européen et moins de 50% souhaitent voir le PE jouer un rôle plus important contre 56% en Europe.

Quelles raisons peut-on apporter à ce décalage (rejet ?) de l’hexagone ? L’Eurobaromètre apporte quelques pistes. Plusieurs questions de l’Eurobaromètre portent sur la vie des citoyens dans l’UE. Il en ressort que les Français estiment globalement que « les choses ne vont pas dans la bonne direction dans l’UE » à 65 %, et ne vont pas dans la bonne direction en France à 76 %. A cela s’ajoute un sentiment de baisse globale de niveau de vie ces 5 dernières années (69 % en France contre 45 % au niveau européen) et que la situation économique sera moins bonne dans un 1 an à 61% en France, contre 45 en Europe. Manque de confiance, crainte de l’avenir, baisse du niveau de vie mais aussi manque de connaissance et d’incarnation de l’Europe en France.

Ainsi lors du dernier débat entre Spitzenkandidaten (têtes de liste des partis européens pour devenir Président de la Commission européenne, système censé justement mieux incarner les débats lors des élections) le 23 mai dernier, les candidats se sont livrés à des échanges sans surprises, qui passionnent certainement beaucoup moins que les dramas ayant entourés la dernière édition de l’Eurovision, digne d’une comedia dell’ arte. Aussi, la couverture médiatique de ce débat en France a été très faible, contrairement à d’autres pays européens. S’il est vrai que la notoriété des candidats est réservée à des cercles d’initiés (qui connait en France les Spitzenkandidaten Walter Baier (GUE), Nicolas Schmit (S&D) ou Terry Reintke (Verts) ?), l’intérêt pour l’Europe ne pourra se créer qu’en en parlant, bien et en bien.

L’une des seules lumières au tableau de cet Eurobaromètre côté français est l’émergence des sujets tels que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, la santé publique ou la création d’emploi dans le top 3 des sujets prioritaires de ces élections tant pour les Français que pour les Européens. Il n’y a pas de secret, « on ne peut pas tomber amoureux d’un grand marché », disait Delors. Dès lors, s’occuper des politiques qui ont de la valeur pour les citoyens est également un impératif démocratique pour l’Union européenne.

C’est ainsi que très humblement, mais en fêtant sa 400ème édition, la lettre d’information Reif-Info continuera à aborder mensuellement ces préoccupations, comme l’illustre la 12ème et dernière Page spéciale mobilité consacrée pour ce numéro au régime juridique du détachement en Europe que vous pouvez retrouver dans ce numéro.