REIF Info
02.07.2024

Il faut que tout change pour que rien ne change

Les européennes sont souvent considérées comme étant des élections de « second ordre », où les électeurs votent pour s’exprimer sur les enjeux nationaux, voire contester la politique de leur gouvernement. C’est ce qu’il s’est passé en France, où le Rassemblement national a remporté le double des voix du parti Renaissance du président, justifiant, selon le président, sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. A contrario, en Italie, la victoire du parti Fratelli d'Italia de la cheffe de l’exécutif Georgia Meloni a renforcé son leadership tant à Rome qu’à Bruxelles.

Au niveau européen, Renew Europe, groupe politique auquel appartient Renaissance, est également l’un des grands perdants de ce scrutin. Mais dans l’ensemble, l’hémicycle ressemblera peu ou prou à celui de la précédente mandature, avec un renforcement du Parti populaire européen, obtenant 188 sièges, ainsi que des partis d’extrême droite et de la droite nationaliste.

A la suite de ces résultats, le Conseil s’est mis d’accord sur la nomination aux trois hautes fonctions européennes en proposant, conformément au processus 'Spitzenkandidaten’, de reconduire la chrétienne-démocrate allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission, de proposer la libérale estonienne Kaja Kallas pour le poste de Haut Représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et de nommer le socialiste portugais António Costa à la présidence du Conseil européen. Le même jour, le Conseil a également adopté son programme stratégique 2024-2029, qui reflète les priorités politiques des chefs d’Etats et de gouvernements vis-à-vis de la prochaine Commission. Si les priorités sociales ne sont pas le cœur de cet agenda tel que nous le demandions dans notre lettre commune, les systèmes de protection sociale et le renforcement de la coopération en matière de santé sont désormais mentionnés.

Pour la Reif, les questions de mobilité, et en particulier la révision des règlements de coordination, constituent également une priorité majeure. Dans notre récente position « Mobilité des citoyens : quel enjeu pour la sécurité sociale ? », nous appelons la prochaine Commission à poursuivre la révision du règlement 883/2004, en s'appuyant sur les progrès substantiels réalisés par les présidences slovène, suédoise et espagnole. L’application des règles en matière de mobilité continue en effet de poser des défis pour les institutions de sécurité sociale en Europe, en témoigne le dernier arrêt de la CJUE portant sur le détachement des travailleurs de pays tiers (voir brève), que nous avons eu l’occasion de discuter lors des réunions de notre Plateforme européenne de protection sociale qui se sont tenues au mois de juin à Vienne, où nous avons été chaleureusement reçus par nos collègues de la DVSV.

Si la pause estivale approche, juillet sera encore chargé, avec la tenue le 16 juillet du premier Conseil EPSCO de la Présidence hongroise au cours duquel les priorités sociales de Budapest devraient être débattues (voir brève), ainsi que la première session plénière du Parlement européen le 18 juillet, durant laquelle Ursula von der Leyen devra obtenir l’approbation des eurodéputés si elle espère être reconduite à la tête de l’exécutif européen.

L’équipe Reif – Anne-Claire, Benjamin, Adèle et Garance

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