Le retour du chacun pour soi en Europe?
L’Europe est secouée par un certain nombre d’évènements qui tendent à remettre en question sa capacité à trouver des solutions collectives comme ce fut le cas à la suite de la pandémie ou au début de la guerre en Ukraine.
Premier changement profond et inédit, trois pays membres de l’Union, et non des moindres, sont dorénavant dirigés par l’extrême-droite : à la Pologne et la Hongrie s’ajoute dorénavant l’Italie, troisième économie de l’UE et membre fondateur, dont Georgia Meloni vient de prendre la tête. Trois autres pays – Suède, Lettonie et Slovaquie – complètent ce groupe et voient l’extrême-droite participer au gouvernement ou le soutenir. Ce bouleversement politique pèsera sur les rapports de force au sein du Conseil européen.
Deuxième bouleversement : le couple franco-allemand affiche publiquement ses désaccords depuis plusieurs semaines, annulant même un Conseil des ministres commun mi-octobre. La France reproche aux Allemands de faire d’abord passer ses propres intérêts au mépris de ceux de ses partenaires européens tant sur les questions de défense (avion du futur, bouclier antimissile développé avec les USA plutôt qu’avec les Européens) que d’économie (plan de soutien de 200 milliards pour l’industrie allemande au détriment du marché commun) ou d’énergie. Les intérêts des deux pays n’avaient pas semblé aussi éloignés depuis plusieurs années.
On assiste donc à une double problématique pour l’Union : d’un côté la montée en force de gouvernements nationalistes qui feront primer leurs intérêts nationaux au détriment de l’Europe ; et de l’autre des pays moteurs de la construction européenne qui prennent des trajectoires souvent opposées sur des sujets aussi stratégiques que la défense, l’énergie ou les affaires étrangères. En résulte une Europe affaiblie au moment d’affronter un ensemble de crise – économique, sociale, stratégique – inédites.
En 2020, en pleine pandémie, les concurrents de l’Europe n’avaient pas manqué de souffler sur les braises des divisions européennes sur la réponse à apporter à la crise et sur la coopération entre les pays. Mais les États membres s’étaient résolus à trouver une solution collective (vaccin et plan de relance). L’invasion de l’Ukraine par la Russie avait elle aussi soudé les 27 pour aider Kiev alors même que Moscou pensait instiller la division.
Le dernier Conseil européen a bien permis de dépasser les divisions sur les questions énergétiques en encadrant les prix du gaz. Georgia Meloni a elle aussi donné des gages en rappelant que l’Italie faisait "pleinement partie de l'Europe et du monde occidental". Mais ces signaux, certes positifs, ne cachent pas l’essentiel : un retour du chacun pour soi est à l’œuvre, à Varsovie et Budapest depuis plusieurs années, mais maintenant aussi à Rome, Berlin ou Stockholm. La réunion précipitée organisée par Paris et Berlin la semaine dernière pour donner le change n’a dupé personne. Pourtant, face à la Russie, à la crise énergétique, économique et sociale devant nous, nous aurons plus que jamais besoin de réponses collectives. Les capitales européennes vont devoir faire leurs aggiornamentos !
SOMMAIRE
Affaires générales
- Programme de travail 2023 de la Commission européenne
- Sommet social tripartite consacré à la crise énergétique et au coût de la vie
- Proposition de la Commission visant à faire de 2023 l’Année européenne des compétences
Numérique
- Publication du rapport d’étape sur le projet ESSPASS
Actualité européenne de la protection sociale
Santé
- L’Union européenne de la santé finalisée.
- Dialogue structuré sur la sécurité de l’approvisionnement en médicaments : conclusions et recommandations sur les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement
- Nouvelles recommandations du CHMP
Retraite/Vieillesse
- Rapport sur les retraites en 2022 en Europe de BetterFinance
Emploi/ Affaires sociales
- Les lignes directrices du Parlement pour les politiques de l’emploi des États membres
- Santé et sécurité au travail : une majorité d’États membres en défaut de ratification
CJUE
- Le principe d’effectivité ne s’oppose pas à ce que l’effet rétroactif d’une demande d’allocations familiales soit soumis à un délai de 12 mois
Agenda
Publications
Reif-Info, veille européenne réalisée par Anne-Claire Le Bodic et Benjamin Malliart